« Pianistes », tel est le nom de code utilisé dans la Résistance pour désigner les opérateurs radio qui assurent les communications entre la France occupée et Londres puis Alger. Leur aventure demeure encore souvent méconnue du grand public, car ces héros de l’ombre, formés à œuvrer dans la solitude, ont gardé le silence sur leurs activités. Pourtant dans leurs rangs, beaucoup son tombés. Les risques étaient grands et la répression féroce.
Après la défaite de juin 1940, les britanniques ne disposent plus d’aucune information sur la France occupée. Toutefois, la création par Churchill, le 18 juillet, du Special Operations Executive (SOE), chargé d’organiser des actions de luttes clandestines en Europe et comprenant une section française, entraîne la mise en place de liaisons radio.
Au printemps 1941, un rapprochement s’opère entre la « French section » du SOE et le service de renseignements de la France libre du général de Gaulle, le Bureau Central de Renseignements et d’Action (BCRA), dirigé par le colonel Passy, qui fournit à la Résistance intérieure des armes et du matériel de transmission. Ces deux organisations, qui entrent souvent en concurrence, regroupent ainsi tout un ensemble d’agents parmi lesquels des équipes d’opérateurs radio parachutés lors de missions de renseignement, de sabotage ou visant à la création de réseaux.
Les premiers opérateurs radio sont recrutés à Londres, à l’initiative du BCRA comme du SOE. Dans leur grande majorité, ces hommes sont des radios de formation, issus des trois armées même si certains d’entre eux proviennent de la société civile. Le plus souvent parachutés sans personne pour les réceptionner, ils accompagnent un officier ou une équipe, mais peuvent aussi être déposés « au clair de lune » par de petits avions, des Lysander, ou plus rarement par des sous-marins. Leur mission est d’entrer en communication avec les « Centrales », situées en Angleterre, chargées de réceptionner les messages.